Halte!
Trop c’est trop, sécurité pour nos oreilles et notre pudeur politique. Suivre l’actualité politique au Sénégal en ces temps qui courent est devenu un exercice particulièrement triste. Calomnies, révélations et autres satires sont les ingrédients de base des « repas » qui nous sont quotidiennement servis par la scène, oups, l’arène politique.
Beaucoup de sénégalais ont vécu cet évènement avec un pincement au cœur. Hélas, ce n’est que la face visible de l’iceberg. En réalité, ils sont nombreux aujourd’hui, ces hommes politiques sénégalais à la polémique facile, qui se font fréquemment remarqués de par la véhémence de leurs propos à l’endroit de leurs opposants idéologiques, si idéologie il y a. Des vidéos dans lesquelles des députés se livrent à un spectacle d’invectives ne se font plus rares. Au sein de l’hémicycle, avec toute la solennité dont doivent etre estampillées les séances qui s’y tiennent, on a droit souvent non sans regrets, à des scènes de chahut d’un parlementaire qui ne fait que donner son opinion sur la gestion des affaires publiques, comme l’exige d’ailleurs sont statut de représentant du peuple. De même, en lieu et place d’un débat contradictoire posé, avec à la clé, un argumentaire solide et sérieux pour défendre leurs positions, certains députés
semblent se sentir mieux à l’aise dans un tohu-bohu total avec des pics et insultes au menu, un mélimélo digne d’une borne-fontaine. Qu’est ce qu’ils y gagnent finalement ? Rien sinon que leur côté en termes d’insolence et de stupidité grimpe d’une manière exponentielle aux yeux des sénégalais. 
Gare à votre égarement, vous autres hommes politiques qui excellez si « excellemment » dans ce domaine. (!)
Ce n’est vraiment pas sur ce terrain qu’on vous attend. Proposez-nous quelque chose de concret, faites-nous rêver tout en nous éloignant du pays des chimères. En lieu et place de l’invective facile, faites nous l’honneur de nous gratifier de la prospective utile. Entendons-nous d’abord sur le sens du substantif « prospective ». Elle ne saurait ici faire référence à des rêves, errements et autres considérations aériennes qui ne sauraient se réaliser que dans l’étroitesse du champ de notre esprit, avec comme seuls témoins, la pie-mère, la dure-mère ainsi que l’arachnoïde ; en un mot : les méninges. Il s’agit plutôt d’une étude sérieuse et rigoureuse des avenirs et ordre sociétal possibles. En clair, le mérite d’un homme politique sérieux devrait aujourd’hui être sa capacité à proposer à ses concitoyens sénégalais, un programme politique sur la base duquel il compte présider aux destinées de notre pays une fois que cette immense tache leur revenait. Oui il est plus qu’immense cette tâche, et cette immensité n’a d’égal que l’ardeur dont ceux qui en sont titulaires doivent nécessairement faire preuve. Hélas, la pratique de l’Etat va souvent aux antipodes de cette aspiration.
A défaut de s’identifier fidèlement à une idéologie politique, chaque leader devrait au moins faire preuve d’ingéniosité pour avoir une idée précise sur la manière dont il compte gérer les affaires publiques. Ceci n’est possible qu’après d’abord, des réflexions poussées basées sur une rétrospection lucide dans le rétroviseur notre histoire politique, économique et sociale, en tirer les enseignements nécessaires. Ensuite, il s’agira d’analyser les possibilités qu’offre le présent pour enfin pouvoir plonger dans le futur en s’assurant de pouvoir contourner d’une manière habile, les écueils qui s’opposeront probablement à nous.
En somme, au-delà des calomnies visant vaille que vaille à tenir l’image de l’autre, nos hommes politiques gagneraient à essayer de convaincre l’électorat pour un premier ou un second mandat avec des propositions raisonnables et faisables, fruit d’une prospective bien nourrie. Il s’agit ici d’offre politique basée sur des objectifs chiffrés et budgétisés, avec une parfaite identification des moyens pour y accéder. Le débat public y gagnerait en qualité, les hommes politiques en crédibilité. Le citoyen sénégalais, le maillon le plus essentiel de la chaine en sortirait heureux car constatant que plus de respect et de considération lui sont accordés par notre classe politique, laquelle classe ne doit avoir une préoccupation autre que celle de susciter au maximum le bonheur de ce dernier citoyen.
Patriotiquement votre !!!
Mouhamadou Mansour Ciss
M2 DPG/UGB