Il s'appelait Fallou, il était jeune, étudiant. Il avait 26ans. Il était venu à l'Université Gaston Berger pour faire ses humanités. Il était un soutien de famille.
Fallou avait des plans, des projets. Fallou était plein de vie. Fallou respirait jeunesse !
Fallou est tombé sous les balles d'un gendarme.
Mais, en réalité Fallou est tombé dès la fin de la rédaction de la note du recteur Baydallaye Kane. Ce matin du 14 Mai 2018, en signant cette lettre, Baydallaye a orchestré en même temps, concomitamment le crime dont il est le maillon essentiel de la chaîne.
Fallou laisse derrière lui une jeune femme et un nourrisson. Il laisse derrière lui un père, une mère, des frères, des sœurs, bref une famille qui comptait sur lui.
Un avenir brisé, un espoir anéanti.
Les témoignages de la population de Pattar, des étudiants et tous ceux qui l'ont connu sont unanimes. "Le Jeune Fallou était courageux, discipliné, travailleur et fervent croyant".
Le 14 Mai 2018, Baydallaye s'enferma dans son bureau et rédigea une note administrative interdisant les journées sans tickets mais également en usant d'une dose lexicale "intimidatrice" et aux allures menaçantes.
En humectant sa plume de l'encre aux effets sanglants, il était conscient des conséquences qu'allait engendrer cette note. Il pensait jouir et disposer d'un total pouvoir en agissant de façon unilatérale sans convoquer l'Assemblée de l'Université.
Aujourd'hui, lui même n'a pas accès à son bureau. Lui reste t-il d'ailleurs un bureau ? Non, car en rédigeant cette note, les conséquences de celle-ci allaient détruire tout sur son passage.
Actuellement, il ne lui reste aucune parcelle de pouvoir sinon qu'un titre dont l'effet se limite sur le papier et s'érode de plus en plus au rythme de l'amplification des faits. Il n'a aucun contrôle sur l'UGB. Le pouvoir n'est qu'une évolution d'un rapport de force. Il ne se décrète pas !
Cette décision du recteur Baydallaye a précipité la mort de Mohamed Fallou mais en même temps a conduit l'enseignement supérieur du Sénégal dans une situation dont les effets s'annoncent graves.
Avec ce crime, Baydallaye Kane et les autres responsables ont ouvert la boîte de pandore. Une tempête s'annonce et elle fera écho.
Amadou Tidiane Thiello