"A l’épreuve du bilan, nous serons tous comptables !" Par Amadou Tidiane Thiello

Ce pays, nous appartient tous, nous devons le construire ensemble !
C’est une catastrophe de dire que je suis « apolitique » car « la politique » et « polity » font deux même s’ils concourent tous, essentiellement au bien-être collectif.  Les « feedbacks », la teneur et la portée de chacun des deux, restent et demeurent une autre question. Mais, s’il existe fondamentalement une chose en laquelle nous croyons fermement et sans aucune réserve, c’est que : LE CHANGEMENT TANT SOUHAITE NE DECOULERA JAMAIS DE LA SEULE CLASSE POLITIQUE.

Aucun plan, même, défini par les génies les plus brillants de ce monde, ne changera ce pays. Tant qu’on ne sera pas au même pied pour savoir où sommes-nous par rapport au passé, par rapport au futur, par rapport aux enjeux globaux qui nous interpellent et par rapport au monde, pour s’engager ensemble dans la voie que nous nous sommes définis, nous n’irons nulle part. On ne sera que la définition exacte et le reflet fidèle du fameux « mythe de Sisyphe » ; l’éternel recommencement. Et partant, il en découle l’obligation pour tous de « s’engager » non pas seulement dans la politique mais dans le « polity » et dans toute action de « développement ».

En s’accordant avec Pierre Favre dans son ouvrage intitulé Comprendre le monde pour en changer : épistémologie du politique publié en 2005, la dimension Politique d’une société ce sont « des mécanismes ou des règles pour définir les principes communs de la vie en société et en sanctionner les manquements pour mettre fin aux conflits qui pourraient mettre en péril la société. » Ici il s’agit d’activité de mise en ordre de la société pour que la vie en société soit possible (il s’agit du politique et du « polity » dans le jargon anglo-saxon.)
L'auteur

Quant à «la politique », elle renvoie aux activités de contestation, d’opposition de conflits, de compétitions partisanes et plus largement de « mise en désordre » de la société (il peut s’agir d’entropie comme chez Balandier). Pour Jean Leca et M. Grawitz, l’activité politique c’est l’abord « l’activité de compétition de groupes pour soutenir ou contester les décisions politiques et leurs auteurs. » En clair, il est question ici de la politique ou des « politics ».

Cette clarification ne sert ici que de modus operandi pour mettre en lumière les deux concepts même si nous reconnaissons que la distinction peut être moins feutrée. Mais également et surtout c’est pour attirer l’attention des lecteurs par rapport à l’engagement dont nous parlons dans ce texte ; engagement dont l’orientation que nous lui donnons penche plus en faveur du premier concept que du second.   

A l’épreuve du bilan, nous serons tous comptables !

Retour impératif au bercail !
     Allons récupérer nos génies qui sont partout dans le monde pour mener à bien ce projet collectif. Un émigré, aussi prestigieux, soit-il, restera toujours un émigré, Esprits du Sénégal dans le monde, certes le système est décourageant, l’insertion sociale est douteuse, les conditions de vies au pays sont difficiles, l’enseignement évolue en dents de scie, valse au gré des revendications corporatistes et de l’irresponsabilité de régimes successifs, assoiffés par la quête du pouvoir et la sempiternelle tentation de demeurer aux commandes, non pas pour servir mais essentiellement pour se servir selon quelques opinions.
Mais, imaginez-vous, que deviendra ce pays, si ceux qui sont partis n’envisagent pas de revenir lorsque ceux qui sont là n’ont pour seul rêve que de partir. Certes, toutes ces inquiétudes évoquées plus haut sont légitimes mais, naturellement, force est de constater que les effets peuvent être encore plus dramatiques que les raisons du départ.
Revenez ! Comme ce petit colibri lors de ce feu de brousse qui de cours d’eau en cours d’eau, par son bec, fait sa part pour l’extinction de ce feu…
Que chacun fasse sa part !

A l’épreuve du bilan, nous serons tous comptables !

       À l’épreuve du bilan, nous serons tous comptables ; comptables du fait que nous ne nous sommes pas engagés mais aussi que nous avons choisi le silence au lieu de l’implication et par ricochet, de l’action. Ce pays manque de tout sauf de ressources humaines de qualité. Bien vrai que le système est décourageant et que la politique telle qu’elle se fait à « Ndoumbélane » n’honore pas son « Homme », surtout quand il est intègre. Toutefois ceci ne doit pas constituer un facteur de découragement mais une source de motivation. On ne peut changer le système qu’en étant au cœur de celui-ci.
      Nous nous dirigeons vers un quinquennat décisif, 2019-2024. La question du pétrole s’érigera au cœur des débats. La question connexe qu’est le potentiel arrêt des activités de pêche dans certaines zones maritimes est un autre problème lancinant. Bref, tout ça pour dire que de nombreux défis attendent les futurs dépositaires de ce quinquennat.  En effet, en 2019, nous devons tous battre campagne non pas pour tel politicien ou tel autre homme politique. Nous ne saurions être contre cela mais il nous convient tout juste quand même d’éclairer notre propos. Nous devons tous battre campagne en 2019, pour l’avènement d’un nouveau type d’électeur (NTE) ; un électeur émancipé des déterminismes géographiques, sociologiques, entre autres car les défis sont nombreux et les questions sensibles. Il incombe alors à ceux qui ont eu la chance de pouvoir lire, comprendre et analyser les programmes politiques d’éclairer « les masses populaires » pour que les choix puissent être rationnels, rendant de ce fait les votes utiles. Il faut alors refuser que l’électorat sénégalais ne se transforme en bétail électoral votant dans une méconnaissance totale des offres proposées. Ceci doit être un combat collectif et la maxime qui doit guider chaque bout de bois de DIEU qui aspire au changement.
En 2019, il est hors de question de confier notre destin à n’importe qui car comme nous l’avons souligné plus haut, les défis sont nombreux et hautement sensibles. Il nous convient tout juste de préciser que ce texte ne penche nullement pour aucun parti, groupe ou qui que ce soit si ce n’est que pour LA REPUBLIQUE.

A l’épreuve du bilan, nous serons tous comptables !

Aujourd’hui, il faut quand même se féliciter des politiques publiques qui sont mises en œuvre par le régime en place. Mais, la question fondamentale pourrait se situer sur les effets de ces politiques publiques.  Effets qui ne peuvent pas être perçus à leur juste valeur à cet instant car l’évaluation des politiques publiques n’est pas chose aisée. Elle se fait à long terme. Steve Jacob parle à cet effet d’évaluation ante et ex-post mais aussi de perpétuels ajustements. Tout le débat sur le TER n’est que débat du moins guéguerre positionnelle. Le discours de l’opposition sur les politiques publiques n’est pas un discours évaluatif mais aussi le discours officiel n’est pas également un discours évaluatif.

Nous faisons l’économie des théories et des exemples sur des politiques publiques et leurs effets. Tout ça pour juste préciser qu’une politique publique peut-être moins importante, moins urgente dans sa phase de mise en œuvre mais produire à long terme des effets positifs. De la manière qu’une question particulière peut susciter la mise en œuvre d’une politique publique mais aux effets positifs limités dans le temps.  Ce faisant, au-delà des discours partisans, le peuple sénégalais doit faire sa propre analyse et lecture sur ces politiques publiques.

L’électeur sénégalais doit refuser d’être berné par des discours pompeux mais vides. En conséquence les batailles entre aspirants au pouvoir doivent être des « batailles programmatiques ». Et, c’est fondamentalement de celles-ci que peuvent découler des choix rationnels de la part des électeurs. Et pour que ces choix soient rationnels, il faut l’implication de tous dans la sensibilisation. D’où l’engagement !

Si le vote est un acte politique qui confère les droits d’être élu et d’élire, le droit de vote est accordé non pas à n’importe quel individu mais à un individu appelé à se prononcer indépendamment de ses caractéristiques sociales et de manière libre sans pression venant de la famille ou d’ailleurs. L’électeur sénégalais doit en effet prendre en considération cette sacralité du vote. 

Somme toute, à l’épreuve du bilan, nous serons tous comptables ; comptables d’avoir gardé le silence et demeuré dans l’inaction, comptables d’avoir laissé prospérer « l’ignorance » chez la masse populaire, comptables d’avoir facilité l’aptitude des politiciens à berner le peuple, comptables de n’avoir pas voté, comptables d’avoir choisi « l’émigration politique » au détriment de « l’engagement citoyen » …

Amadou Tidiane THIELLO
Science PO Sanar/UGB
thiellotidjane@gmail.com