Le Premier Ministre Israélien sera donc au rendez-vous des Chefs d’État de la Cedeao en qualité d’Invité d’honneur, le premier non-africain à jouir d’un tel privilège, ces 3 et 4 Juin à Monrovia.
Au-delà d’une prise de parole placée officiellement sous le signe de la coopération technico-économique avec l'offre de l’expertise israélienne en matière d’agriculture et de lutte contre le terrorisme, c’est toute une symbolique diplomatique qui est sous-jacente à ce déplacement.
Le Premier Ministre Israélien en est conscient. Il faut à tout prix, au-delà des considérations de marché, qu’Israel soit vue d’un meilleur œil par les 54 Etats africains. Son propos au moment de prendre son envol vers le Liberia est suffisamment évocateur d’intentions pas tellement voilées.
« Ce voyage est dans la droite ligne de l’offensive diplomatique que j’ai lancée qui a pour objectif de faire revenir en force Israël en Afrique. L’an passé j’avais effectué une tournée en Afrique orientale et y avais rencontré sept chefs d’Etats. Au Liberia je rencontrerai dix chefs d’Etats de l’ouest et du centre de l’Afrique. Mon but est aussi de briser la majorité automatique qui sévit dans les organisations internationales contre Israël. Il y a 54 Etats africains à l’ONU. C’est un travail de longue haleine mais nous y parviendrons »
Hors la politique de colonisation que l’Etat hébreu poursuit en territoires palestiniens avec notamment le cas plus flagrant de la ville de Jérusalem, en dehors de toute légalité juridique, devrait en soi-même être un motif pour ne pas offrir une telle opportunité de légitimation à un État qui du point de vue strict du Droit international peut être considéré comme « criminel ».
De plus, la quasi-totalité des pays composant la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest entretient des relations diplomatiques avec la Palestine et deux pays (le Mali et le Niger qui n'enverra qu’une délégation réduite) n’en ont tout simplement pas avec Israël du fait de ses agissements marginaux.
La démarche adoptée par la Diplomatie israélienne est d’autant plus méthodique que consciente de la forte opposition qu’elle rencontrerait avec des pays tels l’Algérie au plus haut niveau (inconcevable) de l’Union Africaine, l’ opportunité offerte par une organisation sous-régionale regroupant 15 pays Ouest-africains est du « pain béni » pour sa politique étrangère après les récentes visites à succès en Afrique de l’Est.
Le Sénégal en froid diplomatique avec l’État hébreu, qui s’était « sacrifié » avec d’autres « petits » États pour porter une résolution condamnant la politique d’occupation de ce dernier sera cependant présent à la Rencontre malgré le haro et les sanctions qui avaient suivi son action courageuse de la part d’Israël.
Tout le contraire du Maroc qui a rechigné à participer, à grandes pompes comme il le voulait, à ce Sommet censé consacrer son adhésion à la CEDEAO.
Sa position vis-à-vis d’Israël que reflète la qualité du Roi Mouhamed VI de Président du Comité « Al-Qods » (autre nom de Jérusalem), une structure qui se dit lutter contre «la volonté d'Israël d'occuper, de judaïser et d'altérer les monuments de civilisation musulmans et chrétiens de la ville d'Al Qods, partie intégrante des territoires palestiniens occupés et capitale de l'Etat palestinien», n’y est pas étrangère.
Le royaume chérifien reste pour le moment ferme sur ses principes tout comme certains États membres de la Cedeao ayant adopté une attitude marquant leur peu d’enthousiasme par rapport à cette visite. Tout le contraire d’un grand nombre d’Etats africains qui ratent toujours l’ occasion de s’affirmer sur des questions cruciales parce que guidés par des logiques économiques qui sont signes ou plutôt causes d’une grande faiblesse diplomatique.
Position d’autant plus incompréhensible que la cause Palestinienne se devait d’être leur combat puisque presque tous se sont affranchis de la Colonisation en revendiquant leur droit (international) à l’autodétermination des Peuples avec le soutien d’une certaine frange de la communauté internationale.