Rien qu'une fictive reconstitution des circonstances de l'acte avec à l'appui les photos, vidéos et témoignages crus relayés par télés et réseaux sociaux peut amplement expliquer l’horreur encore moindre exprimée par l’ensemble des sénégalais.
L'heure n'est, certes, pas à éprouver une totale psychose capable de nous départir de notre lucidité mais il est à craindre pour notre désir d’une vie paisible et pour l’avenir de nos cadets ou compatriotes malchanceux car sans défense.Apparemment on a encore tue un autre enfant du pays a Colobane Rufisque. Il s'appelle Serigne Fallou. Il avait 2ans et 6 mois. Il a ete egorge et mis dans un sachet, sanni ko kognam nak. Mais lii mom jusqu'a quand? When will we TRULY talk about this, mobilizer? Y'en a marre— Saligalese (@SeriousSalema) 19 mars 2018
De même qu'il faut craindre pour nos valeurs car le processus de déshumanisation s’accélère, guidé par l’obsession du profit, de la célébrité ou d’un succès que certains ne comptent guère s'arroger par leurs simples mérites quitte à braver l’interdit.
Il y a le Mal que l'on a vu s'installer en nous puis il y a son Extrême qui s'exprime violemment ces derniers temps par les enlèvements et meurtres d’enfants.
Avant c’était le récit d’animaux sacrifiés selon des rituels barbares qui nous était conté pour justifier un succès dans de simples « Navetanes » ou combats de lutte.
Il n’y a guère longtemps, c’était du silence troublé d'un cimetière, d'un linceul déchiré, d’une tombe toute fraîche déterrée ou d’un défunt dérangé dans son sommeil éternel par des malfaiteurs qu’on nous faisait écho.
Il a fallu moins d'un an d’actualités sordides pour que le glissement ne se fasse, du plus affreux au plus ignoble, vers la perte de vies humaines de surcroît les plus fragiles et innocentes.
Le défaut de communication des autorités, surtout gouvernementales, à la hauteur du bruit engendré par ces crimes tue toute confiance des populations et leur niveau d’indignation peut vite laisser place à des dérives tragiques si jamais elles en arrivent à se sentir, relativement à tort, en insécurité ou mal assurés par leur État.
Les cas de lynchages, injustifiés et dans tous les cas injustifiables, d’innocents relatés dans la Presse après l’affaire du jeune tué à Touba sont des preuves des malheurs potentiels que peut causer une justice expéditive rendue par la rue.
Par ailleurs, dans chaque maison de chaque quartier à l’heure actuelle chacun pense et veille à sa petite sœur, nièce, fille ou neveu.
On craint d’avoir à croiser le spectre de la douleur que connaît ce père de famille déboussolé se remettant, devant les caméras de télévision, à Dieu et au Marabout auquel il avait tenu à attribuer le nom de son s jeune fils.
La crainte, ce mot que je répète encore et encore, est aussi valable pour ceux qui sont laissés à eux-mêmes, proies faciles sans défense dans les dans les zones urbaines.
Et c’est d’ailleurs l’occasion d’en reparler et d’agir avec une plus grande diligence.
Chaque matin, c’est à la même heure et sur le même chemin évité par des adultes que je les croise avec le même décharnement vestimentaire.
Lors de mon dernier séjour à Koungheul j’assistais bizarrement comme à une représentation réelle de la 4*4 noire voleuse d’enfants imprudents à étêter. C’était du moins la fable à nous contée par nos parents pour nous décourager de traîner à certaines heures.
Là, c’était une horde de jeunes Talibés parmi lesquels aucun ne donnait l’air d’avoir la dizaine d’années mais beaucoup à peine 6 ans qui se précipitait vers ce véhicule sombre d’inconnus en transit dans la Cité.
Il n’y avait pas de parents aux alentours pour les rabrouer, ni d’adultes pour leur demander de ne pas répondre aux inconnus en ces temps d’insécurité.
C’est Dieu qui protège on me dira, sauf que Dieu confie et à défaut des parents c’est à la Société de prendre ses responsabilités ou de rendre compte plus tard si par sa faute un autre innocent redeviendrait Fallou.