
Parmi ceux-ci, le réchauffement climatique entendu comme phénomène environnemental marqué par une augmentation graduelle de la température du globe dû à l’effet de serre dont il est question dans le cadre de notre sujet. Mais avant de plus nous avancer, il convient de relever que par enjeu nous entendrons dans le cadre spécifique de ce sujet, la portée ou répercussions du réchauffement climatique dans les relations internationales.
Mais le réchauffement climatique
étant un phénomène aux conséquences transversales et affectant aussi bien l’environnement
que la vie socio-économique des Etats pris individuellement nous mettrons quant
à nous principalement l’accent sur sa portée dans les relations internationales.
Ainsi toute l’essence de ce sujet résidera
dans l’essai de réponse à la question de savoir quelles sont les répercussions
du changement climatique dans les relations internationales.
D’où tout l’intérêt de ce sujet qui nous
permettra à terme de mieux cerner la capacité
de réponse de la société internationale aux nouvelles problématiques
environnementales ainsi que les nouvelles grilles d’analyses déployées dans ce
cadre dans la discipline des Relations Internationales
Ceci étant dit, répondre à l’interrogation
énoncée plutôt revient selon nous à évoquer l’ampleur mondiale du réchauffement
climatique ainsi que la menace qu’elle représente pour la sécurité humaine
internationale avant d’aborder la vulnérabilité accrue des pays du Sud par les
effets du changement climatique d’où la nécessité d’intensification de la coopération
Nord-Sud. Raisons pour lesquelles notre travail sera scindé en deux axes
majeurs : Le réchauffement climatique, une problématique sécuritaire
globale (I) puis le changement climatique ou la remise à l’ordre du jour des
rapports Nord-Sud (II).
Le réchauffement climatique, une problématique
sécuritaire globale
Le réchauffement climatique constitue
un phénomène environnemental qui affecte tous les pays du monde à des degrés
variables et qui constitue un réel danger à la sécurité humaine internationale
de par ses conséquences.
Un phénomène
environnemental d’ampleur mondiale
Comme le souligne à juste titre Joseph Stieglitz, Prix
Nobel d’économie en 2001 : « Aucun
problème n’est plus mondial que le réchauffement de la planète ».
En effet, ce phénomène concerne l’ensemble des acteurs
internationaux sans distinction de frontières. S’il est également avéré que les
émissions de gaz à effet de serre concernent l’ensemble des pays du monde qui
en produisent tous, en différentes quantités, aussi bien les instances
intergouvernementales que nationales s’accordent sur l’existence de ce changement
et sur ses conséquences indésirables qui constituent une menace pour tous les
pays du Monde.
D’après les recherches scientifiques menées, le
changement climatique redessinera progressivement l’environnement physique dans
lequel vivra une population mondiale à forte croissance démographique et dans
lequel les Etats poursuivront l’objectif d’assurer leur croissance économique
et leur stabilité politique. Il modifiera donc partiellement l’architecture
géopolitique mondiale et par extension, le cadre d’évolution des acteurs
internationaux car on le sait, n relations internationales la politique
étrangère des Etats et leur positionnement sur l’échiquier international a
toujours été fortement liée à leur environnement géographique.
Le phénomène du changement climatique appelle donc à terme
la modification des modes de vie, de production et de consommation dans le
monde entier, certains parlant même d’une nécessité de
« décroissance » car le climat mondial en évolution rapide entraînera
de coûteux et complexes efforts d’adaptation
De plus avec le réchauffement climatique, la perturbation
de l’environnement entrainera celle de certains facteurs naturels de puissance
étatiques tel que les capacités de productions agricoles et énergétiques,
l’accès à certaines matières premières ou encore l’accès aux mers. La
mondialisation de l’enjeu du réchauffement climatique est d’autant plus accru
qu’elle remet au premier plan la nécessité de préservation de la sécurité
humaine.
Une menace réelle à la sécurité
humaine
Le réchauffement climatique comme on l’a vu dans les
lignes précédentes est porteur d’une multiplicité d’éléments déstabilisants
aujourd’hui facilement observables dont les effets pourraient se traduire par
un coût humain important.
En effet, au travers des Etats, les populations seront les
premières à subir les effets négatifs du réchauffement qui deviendrait alors un
élément déclencheur d’immigrations à l’origine d’une nouvelle sortes de
réfugiés : les réfugiés climatiques.
Dans de nombreuses régions de la planète, les conséquences
des changements climatiques menacent les activités humaines. Par ailleurs, les
communautés rurales des pays du Sud qui tirent la quasi-totalité de leurs
moyens d’existence des ressources naturelles locales sont donc très vulnérables
à l’instabilité climatique et n’ont pas les moyens d’acheter les techniques de
protection et d’adaptation coûteuses.
Les accidents climatiques comme on le voit déjà vont se
multiplier, des épisodes climatiques hors normes qui obligeront des populations
entières à migrer créant ainsi des “réfugiés climatiques” qui devront être pris
en charge soit temporairement par les Etats ou par les organismes humanitaires
soit, pour certains, définitivement relogés loin de leur lieu de vie et la
montée des eaux conduirait d’après certaines études des dizaines de millions de
personnes à l’exode car la moitié de la population mondiale réside sur les
zones littorales et une élévation du niveau des mers de 80 cm aurait pour effet
de déplacer 118 millions de personnes vers l’intérieur des terres avec la
plupart qui iraient s’ajouter aux habitants des quartiers pauvres des grandes
villes.
Dans son rapport remis au
gouvernement britannique, le rapport Stern,
l'ex-économiste de la banque mondiale Nicholas Stern
parle de plus de 200 millions de
réfugiés victimes de sécheresse et d'inondations par année et La FAO abonde dans le même sens. Car elle mentionne
le fait que 65 pays en développement comptabilisant la moitié de la population,
subiraient des pertes de 280 millions de tonnes, soit 16 % du PIB agricole
et 56 milliards de pertes, sous l'effet des
changements climatiques
De plus le World Watch Institute estime qu'en 2025, 40 % de la
population mondiale pourraient vivre des épisodes de stress hydrique rajoutant que la ségrégation sur le plan
territorial est donc très forte et que les différents pays ne seront pas
touchés à parts égales par le réchauffement, une situation qui pourrait
dégénérer en conflit armé car des ressources en eau sont indispensables, tandis que les
sources d'eaux douces se raréfient à certains endroits de la terre.
Le
changement climatique ou la remise à l’ordre du jour des rapports Nord-Sud
Les nombreux impacts des changements climatiques
menacent surtout les populations du Sud, pourtant faibles émetteurs de gaz à
effets de serre, raison pour laquelle le développement de la coopération
internationale dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique est
plus que nécessaire.
Une vulnérabilité accrue
des pays du Sud
Les clivages «
Nord-Sud » ou « pays industrialisés - pays en voie de développement », qui ont
longtemps jalonnés le fonctionnement des relations internationales se
retrouvent également dans le cadre des répercussions du réchauffement
climatique.
En effet les pays sous-développés
ou en voie de développement sont les premières victimes des effets du
réchauffement climatique car moins bien équipés aussi bien structurellement que
financièrement pour faire face, pour l’exemple le plus patent, aux catastrophes
naturelles causées par le dérèglement climatique.
Pour le Sud, l’enjeu est celui de
la survie si on prend le cas des Etats insulaires dont l’inquiétude face à un
phénomène de montée des eaux est perceptible et bien fondée d’autant plus que
les commissions scientifiques prévoient toutes d’importantes modifications des
terres émergées au cours du XXIe siècle ainsi que le recul des côtes et la
submersion de vastes zones qui pourraient entraîner des pertes de territoires,
et même la disparition de pays entiers, par exemple des petits États
insulaires. De plus les pays les moins avancés, pourtant premières victimes
d’un emballement climatique ne peuvent prendre en charge les efforts coûteux
d’adaptation au changement climatique à cause de leur fragilité économique alors
que pour vraiment réussir un développement durable, le Sud doit adapter ses
politiques de développement aux risques des changements climatiques alors que
faire face à ceux-ci demande des investissements financiers massifs qui,
constituent un frein pour les pays en développement d’autant plus que les
besoins financiers sont hors de proportion avec les moyens du Fonds
d’adaptation prévu par les Nations Unies
Il y a aussi la situation de la catégorie
des pays du Sud constituée de pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Brésil
ou l’Afrique du Sud qui ayant amorcé la pente du développement sur le modèle
industriel se retrouvent face à l’impasse de l’obligation d’abandon de
certaines sources d’énergie polluantes sur lesquelles ils ont pourtant bâti
leur économie alors que des alternatives crédibles de changement de leur mode
de production sont loin d’avoir pour le moment été trouvées.
Ceci étant dit la première
difficulté à surmonter dans la négociation internationale sur le changement
climatique a été, et demeure encore, celle de la répartition des efforts
surtout avec la question de l’équité entre pays du Nord et du Sud dont les
responsabilités sur le phénomène du changement climatique et les capacités respectives
d’adaptation à ses effets sont diamétralement opposées d’où la nécessaire
solidarité à développer dans le cadre de cette lutte.
Un nécessaire renforcement de la coopération
internationale dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
Malgré plusieurs
différences internes, en général les pays du Sud s’accordent sur le point selon
lequel les pays du Nord industrialisés portent la principale responsabilité des
émissions de gaz à effet de serre qui menacent le monde entier car ayant déjà
accumulé plus de 80% des émissions polluantes dans le monde des « crédits
gratuits » dans leurs émissions polluantes ce qui constituerait une "dette
écologique" vis-à-vis du Sud et des générations à venir selon de
nombreuses voix du Tiers-Monde.
Ceci étant dit l’équité dans les
relations Nord/Sud en matière de lutte contre le changement climatique doit
nécessairement passer par un renforcement du rôle des pays de Sud dans les
négociations tout en prenant en considération les besoins spécifiques de
développement de ces pays.
La grande question serait donc de savoir comment articuler les liens entre développement des pays pauvres et maintien des équilibres climatiques car si pour les pays du Nord, les politiques d’adaptation et d’atténuation ont déjà été déclenchées, le problème demeure toujours d’actualité dans le reste du Monde où le modèle de développement est essentiellement basé sur les énergies fossiles, les industries « polluantes » et l’agriculture intensive raison pour laquelle pour les pays du sud et particulièrement les pays émergents, on prévoit un triplement des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, chose impensable au vu de l’approche du péril climatique
De plus, les pays industrialisés
émergents n’acceptent pas de voir entraver leur propre développement
économique, ce qui suscite des débats avec les pays du Nord qui voudrait que
ceux du Sud, notamment les pays « BRICS » assument leurs responsabilités
dans l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre au moment où ces pays
ne s’accordent pas à déroger au modèle de développement capitalo-industriel.
En effet, les oppositions
Nord/Sud sont aussi liées à la problématique du financement. Les parties à la
convention ont décidé à Copenhague, en 2009, qu’il était indispensable,
considérant l’avancée du changement climatique, d’assurer la mise en place de
mesures d’adaptation, raison pour laquelle le Fonds vert pour le climat a été
créé en 2011 à Durban dans cette optique afin de récolter quelque 100 milliards
de dollars par an destinés à financer des projets d’adaptation dans les pays en
développement, une manne financière dont la capacité à résorber les effets du
changement climatique dans les pays sous-développés est grandement remise en
cause comme il en a été question lors de la Conférence sur le climat de Paris
(COP21)
Ainsi donc, du fait de leur
responsabilité historique dans les causes du dérèglement climatique, les pays
du Nord doivent donc, dans le cadre de ce qu’on appelle désormais
« gouvernance du climat », agir les premiers pour lutter contre ce
phénomène en développant une solidarité internationale active avec les pays du
Sud notamment les plus pauvres qui ont des besoins spécifiques et sont les plus
vulnérables face aux dérèglements causés par les changements climatiques.
Le réchauffement climatique
est un nouveau phénomène environnemental identifié par toutes les autorités
politiques et couches sociales du monde comme porteur de menaces réelles sur la
sécurité internationale et qui met à jour la nécessité d’un changement radical des modes de
vie et de production des sociétés à l’échelle mondiale.
Dans la perspective de la mondialisation
actuelle des enjeux des relations internationales, les impacts sécuritaires liés au phénomène du
réchauffement climatique mettent en point d’orgue la prise de solutions
pérennes à l’échelle internationale pour
organiser une lutte efficace contre le dérèglement climatique surtout si l’on
sait que les effets des changements climatiques menacent surtout les populations les plus
vulnérables du Sud.
D’où la nécessité d’une plus grande équité dans le
cadre de la lutte contre le changement climatique qui passe par l’instauration d’une
solidarité active entre pays du Nord et du Sud.